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Zones à faibles émissions et véhicules anciens : diviser pour mieux régner ?

Dans notre article du 12 mars 2021 (à lire ici), nous relations que le Sénat ouvrait le débat sur les autorisations de circuler des véhicules dits de collection (âgés d’au moins 30 ans) dans les zones à faibles émissions (ZFE) existantes. Actuellement cela concerne Paris/Grand-Paris, Lyon Métropole et Grenoble-Alpes Métropole. En 2022, une demi douzaines d’autres viendront s’ajouter à cette liste : Aix-Marseille-Provence, Nice-Côte d'Azur, Toulon-Provence-Méditerranée, Toulouse, Montpellier-Méditerranée, Strasbourg, Rouen-Normandie. Onze zones d’exclusion au total à l’horizon de janvier 2022, d’où seront exclus les véhicules qualifiés de « plus polluants ». Et bien plus encore à long terme, puisque devraient être aussi concernées les villes et agglos de Lille, Saint-Etienne, Reims, Rennes ou Clermont-Ferrand pour ne citer qu’elles. Le texte voté par les sénateurs le jeudi 11 mars 2021 était une proposition de loi favorable à la création d'une vignette "historique" devant permettre aux véhicules de collection de circuler dans les ZFE existantes et à venir.

Cette initiative, soutenue par la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE), devait ensuite être examinée à l’Assemblée nationale, ce qui est actuellement en cours. Le site internet l’Argus vient de rencontrer le patron de la FFVE, Jean-Louis Blanc qui précise que « les modalités d’accès à ces ZFE seront entérinées en juin. Grâce au travail de la FFVE, sept ou huit ZFE auraient déjà prévu des dérogations pour les véhicules anciens. Ce serait le cas de Rouen ou encore Strasbourg. Liberté est donnée à chaque agglomération de décider ce qu’elle souhaite faire dans sa ZFE ». Dont acte, mais les véhicules de collection ne sont qu’une petite partie du problème. Que vont devenir toutes les automobiles qui n’ont pas actuellement 30 ans d’âge et qui sont potentiellement les automobiles historiques de demain ?

Au total, quelque 12 millions de véhicules sont ainsi concernés d’ici 2024 par ces interdictions à venir. 12 millions de voitures en état de rouler, entretenus et dont le contrôle technique est pourtant validé actuellement, moyennant finances, tous les deux ans. Et qui, du jour au lendemain, se verront interdire partiellement ou totalement l’accès aux agglomérations françaises et à leur centre-ville.

Rappelons que la proposition de loi votée par le Sénat en mars dernier a été rejetée par la majorité des députés LREM à l’Assemblée en avril. Le dossier des véhicules de collection est actuellement sur le bureau de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui assure de sa volonté de trouver une solution pour ces voitures dans les mois qui viennent. Tout en oubliant allègrement toutes les autres, les youngtimers notamment, reléguées de fait dans une zone grise.

On voudrait diviser les automobilistes que l’on ne s’y prendrait pas autrement : d’un côté les « gentils » propriétaires de véhicules de plus de 30 ans estampillés collection et soutenus par la FFVE, de l’autre les « méchants » possesseurs d’automobiles de plus de 10 ans et de moins de 30 ans, bannis, vilipendés et culpabilisés.

Une division de la société française bien visible qui est en train de s’installer sur les réseaux sociaux avec la constitution de quantités de groupes et forums ayant pour objectif la liberté de circulation pour chacun et non pour une catégorie de privilégiés.

Et une question en filigrane : entre des politiques dogmatiques et punitives d'un côté et des lobbies industriels poussant à une électrification à outrance de l'autre, à qui profite le forfait ?

Photo by MMK

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