Dans son rapport publié sur son site le 1er juillet 2021, la Cour des Comptes met en cause l'actuelle politique de Sécurité routière. Elle reconnaît néanmoins en préambule "à l’échelle du demi-siècle, l’efficacité de la politique de sécurité routière et ses résultats spectaculaires : de plus de 18 000 tués sur les routes de France en 1972, on est passé à moins de 3 500 en 2018 et en 2019."
Ce constat pour le moins flatteur - et l'on s'en réjouit - est tempéré par cette observation : "Certains signes montrent cependant qu’une limite pourrait avoir été atteinte. D’une part, depuis 2013, le nombre des décès a cessé de diminuer. Alors que le nombre de morts par million d’habitants était passé en France de 69,4 à 52,2 entre 2008 et 2013, il est resté globalement stable jusqu’en 2019. D’autre part, la position de la France par rapport à ses voisins européens s’est dégradée (14ème rang sur 28)."
Parmi les 18 recommandations formulées par la Cour des Comptes pour une mise à jour de notre politique de Sécurité routière, cette dernière estime "que les grandes mesures nationales visant les comportements devront, de plus en plus, être complétées par un recours à une gamme diversifiée d’autres moyens d’action, portant sur les véhicules, la signalisation et l’infrastructure. Ces mesures devraient se situer dans un cadre repensé au vu de l’évolution des mobilités et des technologies. "
Dans le cadre des restrictions de circulation liées aux ZFE (lire nos précédents articles sur le sujet ) qui sont en train de se mettre en place, cette dernière phrase mérite toute notre attention. Nul doute que le cadre "repensé au vu de l'évolution des mobilités et des technologies" préfigure de nouvelles dispositions d'électronique embarquée qui viendront se substituer à la conduite humaine.
On peut notamment lire ceci dans la synthèse de la Cour des Comptes :"Par ailleurs, les progrès dans la conception et l’équipement des véhicules qui les rendent plus sûrs reposent essentiellement sur la capacité d’innovation des constructeurs automobiles eux-mêmes. L’État ne peut agir que de façon indirecte dans ce domaine, en s’engageant dans des coopérations public-privé, en soutenant les efforts de certification et de cotation au niveau européen des dispositifs d’aide à la conduite et en adaptant la règlementation, pour faciliter le développement des dispositifs d’assistance à la conduite et de sécurité qu’il comporte, en attendant la conduite automatisée et connectée. Il s’agit néanmoins d’un axe de progrès prometteur dont la politique de sécurité routière doit pleinement tenir compte."
Une bonne nouvelle pour certains et une très mauvaise nouvelle pour ceux que les différentes couches imposées d'aide à la conduite des véhicules récents irritent de plus en plus.
Et une énième façon de marginaliser davantage les utilisateurs au quotidien de véhicules anciens, déjà hors-la-loi dans les ZFE existantes et futurs parias dans celles à venir.