"Zones à forte exclusion, "Zones à fort embrasement"... les détournements de l'acronyme ZFE (Zone à faibles émissions) fleurissent sur les internets depuis la mise en place au 1er juin 2021 des restrictions de circulation dans celle du Grand Paris. Le début annoncé du déploiement généralisé des ZFE - au delà de celles existantes déjà - dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants (lire notre article du 30 avril ici), a déclenché depuis le début de ce premier mois d'été post-confinement une considérable levée de boucliers contre une décision jugée inique et liberticide pour des milliers - des millions ? - d'automobilistes et de motards concernés.
Cette fois la pilule est tellement grosse que ça ne passe plus. Rappel des faits : issu des propositions de la Convention citoyenne pour le climat (née elle-même, rappelons-le, du mouvement des Gilets Jaunes), l'article 27 prévoit l'obligation de création de zones à faibles émissions à toute agglomération métropolitaine de plus de 150 000 habitants. Concrètement cela veut dire que l'accès de ces zones est interdit aux véhicules jugés trop "polluants" au regard de leur classification Crit'Air. Dès le 1er janvier 2023, seront exclus les véhicules diesel antérieurs au 31 décembre 2000 et les véhicules à essence antérieurs au 31 décembre 1996 (vignette Crit'Air 5), prévoit le texte. Ceux disposant des vignettes Crit'Air 3, 4, 5 seront tous interdits de circulation en ZFE en 2025. La France comptera environ 45 ZFE d'ici fin 2024, contre actuellement une dizaine.
Ou comment un mouvement né de la contestation et de la défense des plus précaires a engendré une mesure pénalisant en priorité ces derniers, les premiers concernés par ces interdictions programmées.
Passons sur le fait que beaucoup de nos concitoyens semblent découvrir tout d'un coup ce qui se passe alors qu'on en parle depuis plusieurs années; passons sur le matraquage publicitaire en faveur de la seule voiture soit-disant écologiquement correcte - la voiture électrique - et dont le bilan carbone de sa conception à sa mise au rebut programmée reste à démontrer; passons sur le processus d'application des restrictions de circulation mettant le couteau sous la gorge à des millions d'usagers et intéressons-nous à la grogne qui monte à 15 jours d'une élection régionale et à un an d'un scrutin national.
L’association 40 Millions d’automobilistes, révoltée comme beaucoup d’usagers de la route par la mise en place à marche forcée de ces ZFE, a décidé de faire entendre la voix de ces derniers en mettant en ligne une pétition intitulée “Non aux mesures anti-voitures de la Convention citoyenne pour le Climat” et que vous pouvez consulter et signer ici.
Des élus locaux montent également au créneau bien conscient que l'application brutale des restrictions de circulation pénalisera fortement l'activité de leurs administrés. Ainsi à Bobigny, directement impactée par la ZFE du Grand Paris une pétition circule mettant en avant que 73% des voitures de cette commune sont concernées et ne pourront plus rouler.
Dans l'Eurométropole de Strasbourg, c'est le maire d’Illkirch-Graffenstaden, Thibaud Philipps, opposé à l’interdiction des véhicules Crit’Air 2 dans l’agglomération à partir de janvier 2028 qui voit rouge et organise un référendum dans sa commune le 11 juillet prochain (à lire ici chez nos confrères des DNA).
Bref l'été et la rentrée risquent d'être chauds au fur et à mesure de la prise de conscience, hélas tardive, des usagers et des élus de terrain des conséquences des restrictions au quotidien. Notons au passage que les professions de foi des candidats aux élections régionales de ce mois de juin 2021 résonnent d'un assourdissant silence sur le sujet.
Pour terminer, signalons ici une résolution marquée du coin du bon sens de la Ligue de défense des conducteurs qui prône un moratoire sur la mise en place de ces zones de restrictions massive et milite pour un renouvellement naturel et non forcé du parc automobile. La pétition est à signer ici pour ceux que ça intéresse.
