La rentrée risque d'être chaude, quand des milliers d'automobilistes à peine sortis de la torpeur estivale et de l'insouciance des vacances vont s'apercevoir qu'ils ne peuvent plus pénétrer ni dans les principaux centre-villes ni dans leurs agglomérations.
Certes, les sénateurs (dont la majorité est à droite rappelons-le) ont tenté de freiner les dispositions adoptées en première lecture par l'Assemblée nationale en proposant un report à 2030 de la généralisation de l'interdiction de circuler dans les Zones à faibles émissions (ZFE). Un sursaut de conscience salutaire tant ce projet divise la population française dont une partie se verra exclue de fait des principales agglomérations françaises si il est voté en l'état en deuxième lecture par l'assemblée.
Prise de conscience palpable partout, y compris dans les rangs des élus des groupes socialiste, écologiste et républicain et Front de gauche de la Métropole du Grand Paris qui expriment leurs vives inquiétudes au regard des insuffisances dont fait preuve l'Etat dans l'accompagnement de la mise en oeuvre des ZFE. Et alertent sur la nécessité d'un accompagnement social fort.
Illustration non exhaustive des mobilisations et autres prises de conscience estivales sur le sujet :
- L'hebdomadaire Marianne très mobilisé sur la question en fait sa Une du 2 juillet, avec son titre choc: "Automobiliste ou motard. T'as pas les moyens de vivre en centre-ville ? Tu restes chez toi". Le journal donne la parole à Hervé Marchal, auteur de Un sociologue au volant, essai dans lequel il explore « le rapport de l’individu à sa voiture en milieu urbain » (Téraèdre, 2014). Pour lui, avec les zones à faibles émissions (ZFE), il est possible que soit ressuscitée la « colère » qui avait éclaté au moment des « gilets jaunes ».
- Le quotidien Le Monde s'empare également du sujet en expliquant que, d'un point de vue politique, la droite sénatoriale majoritaire veut neutraliser les zones à faibles émissions. Et précise que " les gens tombent des nues en apprenant qu'ils ne pourront plus utiliser leur bagnole".
- Public Sénat, la chaîne parlementaire, entre également dans la danse en titrant de façon très politiquement correcte: "Les sénateurs repoussent le calendrier sur les restrictions de circulation". En précisant qu'il est nécessaire de « penser à ceux qui n’auront pas les moyens de participer à ce mouvement ". Et d'ajouter: "Fermer les agglomérations à certains types de véhicules risque de générer des «incompréhensions» voire des « crispations », selon le rapporteur de cette partie du projet de loi, Philippe Tabarot (LR). « La réussite des ZFE repose sur l’acceptabilité des publics concernés. Les sénateurs en sont conscients".
- L'association 40 millions d'automobilistes, logiquement très en pointe sur le sujet, a rebaptisé les Zones à faibles émissions en "Zones à forte exclusion" et pointe les "dérives inquiétantes pour la mobilité des Français". Et met en avant le quota des 24 dérogations annuelles par véhicule envisagées, qu'elle qualifie de "compromis ridicule qui témoigne d'une ignorance et d'un mépris total de la vie quotidienne et des besoins des usagers, intolérables de la part d'élus du peuple".
- Le pure player Planet.fr n'y vas pas par quatre chemins et titre carrément que "la nouvelle mesure auto du gouvernement pourrait pousser les Français à la révolte". Et rappelle les précédents malheureux dès lors que le gouvernement essaye de toucher à la mobilité. "... Emmanuel Macron devait faire face à la colère des usagers de la route auxquels il comptait imposer une hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Les manifestants, tous habillés d'une chasuble de haute visibilité, se faisaient alors appelés les Gilets jaunes. A plus d'une reprise, ils sont montés jusqu'à la capitale où de nombreuses rixes avec les forces de l'ordre ont fait plus de 2 500 blessés, d'après Amnesty. Lors de la précédente mandature, c'est Ségolène Royale qui essuyait l'ire des Bonnets rouges bretons, qui protestaient contre la taxe poids lourds".
- La Ligue de défense des conducteurs va plus loin et s'inquiète que les ZFE "risquent de créer un délit de pauvreté". L'association a lancé une pétition demandant un moratoire sur la mise en place des ZFE. Elle précise : "Une partie de la population risque ainsi d’avoir le sentiment, un peu comme un « délit de sale gueule », de se voir reprocher un « délit de pauvreté » : trop pauvre pour avoir la bonne voiture pour avoir le droit de circuler."
Sur les réseaux sociaux la colère gronde aussi et monte en puissance. Sur Facebook notamment où les groupes se mobilisent depuis longtemps déjà.
Probablement parmi les premiers à avoir réagi, le groupe La Ronde des Bannies créé en 2012 s'est initialement mobilisé pour informer de la proposition DEV 170 du Conseil de Paris qui visait à établir à partir de 2014 les premières interdictions de circulation portant le sigle de ZAPA (Zone d'Action Prioritaire pour l'Air) qui ont cédées la placer aux ZCR (Zone à Circulation Restreinte) puis aux ZFE (Zone à Faibles Emissions). Il s'est ensuite rapproché de la page des Bannies du 1er Juillet 2016 (luttant contre la mise en œuvre de ce qui est aujourd'hui la ZFE) et a fini par donner naissance fin juin 2016 à la Fédération Française des Automobilistes Citoyens (association loi 1901 ayant pour objet de lutter contre les restrictions de circulation http://www.ffac-citoyens.fr).
- Le groupe Contre l'interdiction des véhicules dits polluants regroupe désormais plus de 10 000 membres et se veut être un "groupe militant contre l'interdiction de circuler avec des véhicules anciens au prétexte qu'ils polluent trop dans les agglomérations et villes françaises de plus de 150000 habitants".
- Le groupe Contre les restrictions de circulation des véhicules anciens et youngtimers s'intéresse plus spécifiquement à la problématique de l'interdiction des véhicules anciens de moins de 30 ans. Autrement dit les yougtimers, relégués dans une zone grise par les lois envisagées. Car ceux de plus de 30 ans, considérés comme étant de "collection", pourraient bénéficier de dérogations grâce à une CG spécifique approuvée par la Fédération Française des Véhicules d'Epoque.
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